Les femmes qui tricotent
Les femmes qui tricotent
Sont des poètes à leur manière.
Elles forment un à un des vers
Qui n'en sont pas,
Puis, finalement,
Avec toutes ces mailles,
Ces mailles d'amour,
Elles vous donnent un chef-d'oeuvre,
Un chef-d'oeuvre d'amour.
Que ce soit un gilet
Pour le petit qui va naître
Ou de simples chaussettes
Pour celui qu'elles adorent,
A chaque tour que tourne la laine
C'est un souffle de tendresse
Qui, furtivement, s'envole.
A chaque maille qui glisse
C'est peut-être une larme,
Une larme de souvenir,
Ou tout simplement d'espoir,
Qui, lente, glisse, tombe
Et se mêle au tricot.
A chaque cliquetis que cliquettent
Les aiguilles
C'est un temps dans le rythme de
Leur coeur.
A chaque rang qui allonge le tricot
C'est le visage chéri qui se précise
Et s'impose.
Et puis, quand la dernière maille
Est jetée,
Que le tricot est fermé,
Elles tiennent dans leurs mains
Des heures de travail, de tendresse
Et de rêve.
Mais, elles ne se doutent pas.
Ah ! ces mains laborieuses !
Elles ignorent leur charme, leur
Poésie délicate ;
Car elles tricotent des poèmes,
Des poèmes à leur façon,
Les femmes qui tricotent !
Poème de : Jeanne Laroche